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 Chapitre II : Retrouvailles et présentations

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Loki
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Loki


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MessageSujet: Chapitre II : Retrouvailles et présentations   Chapitre II : Retrouvailles et présentations EmptyDim 15 Oct - 22:30

Après avoir transmis à son majordome les demandes de Marita auxquelles elle a rajouté une infusion de citron au miel, une salade de fruits et quelques amandes, Dénébra se rend dans la grande salle du palais pour y découvrir que tout y a été mis sens dessus dessous. Les armes ont été repoussées contre les murs, plusieurs bureaux, armoires et malles sont installés dans différents coins de la pièce. Un espace central complètement dégagé  a été aménagé, une zone qu'arpente dans tous les sens un colosse féminin vêtu d'une grossière toge grise.
La garde du corps se déplace lentement à pas comptés, comme si elle prenait des mesures et qu'elle franchissait des obstacles imaginaires. Malgré la stature et son âge, Rosie bouge avec une grâce féline.

Faisant le tour de la salle tout en observant la géante, Dénébra rejoint Dermelune qui, de son bureau, regarde la scène avec fascination pendant qu'à ses côtés, une jeune femme à la chevelure bariolée écrit avec nervosité sur un fatras de feuilles de papier étalées devant elle. En chuchotant, elle lui demande ce qui se passe. Sans quitter son observation, l'érudit répond à voix basse :
- C'est une sorte de rituel, un ensemble complexe de mouvements et de déplacements précis qu'elle répète depuis plus d’une heure. Je suis heureux de vous savoir saine et sauve et surtout rentrée à temps.
- Ne vous l'avais-je point assuré ?
Pour toute réponse Dermelune hausse les épaules. Comme il reste silencieux, elle insiste en indiquant vaguement la pièce :
- Que se passe-t-il ici ?
Pointant le menton vers Rosie :
- Mon bureau était trop petit à son goût, Marita a proposé que nous nous installions chez vous. Dès que j'ai annoncé que je libérais mes appartements au conservatoire, ces vieux ingrats m'ont littéralement mis à la porte en ruinant mon mobilier au passage, vous rendez-vous compte ?
- Sans aucun doute mon ami…
Prenant appui sur le bureau pour se pencher sur lui, elle rajoute :
- Mais ça ne répond pas à ma question.
- Heu oui, c'est qu'il s'est passé tellement de choses depuis ce matin que je ne sais pas par où commencer.
Prenant une inspiration, l'atlante, qui se dit que c'est la journée du « je ne sais pas par où commencer » explique avec agacement :
- Hé bien c'est simple, commence par le début.
- Oui, c'est évident. Pour tout dire l’origine de tout ceci est dû à (indiquant les cheveux bariolés) Béthel.
Sans se retourner, Dénébra laisse tomber :
- Jolis cheveux…
- Heu oui, enfin ce que je veux dire c'est que Béthel a reçu la visite d'un homme désirant une entrevue avec le Grand Conseil pour l'informer de certains évènements ayant traits au « chasseur » et au Magohammot. Elle lui a fait remplir les formulaires habituels et ces derniers sont entrés dans le circuit pour terminer sur mon bureau quelques heures plus tard. Quand j'ai pris connaissance de tout ceci, j'ai fait ramener ce Lashmir au conservatoire afin de savoir si c'était sérieux ou pas.
Dénébra hoche la tête.
- Et ça l'était.
- En effet, grâce à Béthel, nous avons eu une idée intéressante : faire croire que le Magohammot n'était qu'une légende afin de brouiller les pistes, pour le « chasseur » bien entendu.
La jeune femme intervient rageusement :
- J'aurais mieux fait de me taire oui !
Visiblement amusé, Dermelune précise :
- C'est que Béthel est persuadée que la bête fabuleuse n'est qu'une fable.
Dénébra se retourne vers cette dernière qui hausse les épaules avec agacement avant de rajouter :
- Parfaitement c'est une fable, juste une belle histoire permettant d'expliquer ce que l'on ne comprend pas.
- C'est une idée intéressante.
- Oui Ma Dame, mais à cause de Maître Dermelune, c'est surtout une idée qui va ruiner le peu d'espoir qui me restait de devenir une érudite.
Commençant à comprendre, Dénébra répond évasivement :
- Ho vous savez, le statut d'érudit, c'est pour le moins surfait.
Dermelune ne peut s'empêcher de rajouter :
- Presqu'autant que Grande Dame de Guilde.

Revenant vers l'homme, l'atlante hésite alors que Béthel fait une vilaine grimace.
- Toutes mes excuses Dermelune, il n'était pas dans mon intention d'être blessante.
- Autant pour moi, c'était idiot.
- Il n'y a rien de grave. C'est donc ça cette révolution dont m'a parlé Marita. Tu vas offrir cette malheureuse en sacrifice à cette horde de vieux pontifs suffisants.
Avec un grand sourire, il hoche la tête.
- C'est tout à fait ça !
Dénébra sourit à son tour.
- Et ta victime, qu'en pense-t-elle ?
La jeune femme répond d'une voix ou perce le découragement :
- Elle pense qu'elle va se faire laminer…
L'érudit renchérit :
- Ha ça oui, ça va être un véritable massacre !
- Elle va se faire étriper et ces vieux fous vont la maudire pour des générations et des générations. Mais l'audace de cette thèse et le battage que l'on va produire autour va surtout la rendre célèbre dans Troy tout entier et peut-être brouiller les pistes pour le « chasseur ».
Reprenant son sérieux :
- Bien entendu je me porte garant de ta carrière Béthel. Une fois le moment venu, nous expliquerons à tous le rôle que tu auras joué dans cette histoire et tu seras célèbre une fois de plus.

Rosie qui s'est approchée en silence intervient :
- Cette histoire de « chasseur » est intrigante, érudit, il faut que j'en apprenne plus à ce sujet. C'est une fierté pour moi de vous rencontrer Dame Dénébra, peut-être l'ignorez-vous, mais vous êtes une légende chez nous.
La "légende" se retourne lentement.
- C'est ce que m'a laissé entendre dernièrement un membre de votre ordre, pourtant il n'y a pas de quoi faire toute une histoire de ces tristes évènements. Nous avons surtout perdu des personnes importantes et précieuses…
Rosie s'incline sans la quitter des yeux :
- Veuillez me pardonner Ma Dame, je ne voulais pas faire ressurgir des souvenirs pénibles.
Faisant lentement un tour sur elle-même, Dénébra demande où se trouvent les autres. C'est la garde du corps qui lui répond :
- Ils sont dans les jardins, je peux vous y accompagner.
- Ce ne sera pas nécessaire, ces lieux me sont familiers savez-vous, j'habite ici.
- Heu, oui Ma Dame, bien entendu.
- Marita aura besoin de vos services ce soir, vous pourrez lui être utile, ne nous décevez pas. Dermelune, nous aurons une réunion au sommet ce soir, à l'heure habituelle.

Dénébra qui s'est dirigée vers un râtelier d'armes y choisit trois saïs qu'elle passe à sa ceinture de soie, puis, sans rajouter un mot, elle sort.
Béthel qui n'a rien perdu de la scène laisse tomber :
- Ben dites donc !
Songeuse, Rosie rajoute :
- Oui, on dirait qu'elle ne m'aime pas beaucoup.
Dermelune visiblement contrarié intervient à son tour.
- Ne vous formalisez pas trop Rosie, elle n'a jamais supporté les contraintes, c'est tout, ça lui passera, et les retrouvaille avec Marita n'ont peut-être pas été aussi chaleureuses qu’elle l’espérait.

Dehors, Dénébra, les mains bien à plat sur la balustrade de la terrasse observe le gigantesque pachyderme qui broute tranquillement aux abords des vignes du jardin arrière de la demeure. Les farfans qui semblent faire une sieste sur le dos du grand animal la font sourire et l'apaisent immédiatement. Des inconnus, deux hommes et un enfant, discutent un peu plus loin dans la cour. Une voix chafouine se fait entendre juste avant qu'un grand chatgondin bleu n'apparaisse sur la rambarde.
- Bonjour Dame Dénébra.
- Bonjour Cheezter, heureuse de te voir. Comment trouves-tu notre Port Fleuri ?
La queue de la chimère s'agite un peu nerveusement quand elle répond ;
- Déroutant, c'est à la fois proche de ce que j'ai connu et pourtant très éloigné de mon monde natal, c'est perturbant…
Passant doucement le bout des doigts sur la nuque de l'animal qui s’est approché, Dénébra lui confie :
- Oui, j'ai connu cela, ça passera...
- Votre protégé a-t-il trouvé refuge comme vous le prévoyiez ?
- Un refuge, oui en quelque sorte, une jolie rencontre surtout et un nouveau but dans son existence. Le voyage fut à la fois utile et profitable.
Souriant au grand chat :
- Et de ton côté ?
- Le bateau était confortable et le poisson excellent, mais c'est ici que le plus intéressant se passe. Il y a des farfans chez vous, ainsi qu'un pétaure, un dieu et ses serviteurs étranges. Je ne sais pas comment expliquer ça sans vous offenser, mais j’ai tout de suite compris que j’étais arrivé chez vous.
- Il n'y a aucun mal Cheezter, à ce que j'ai entendu ce fut une journée mouvementée, et elle n'est pas encore terminée.
Tout en continuant à grattouiller le grand chatgondin qui visiblement apprécie le traitement, elle reste un moment pensive avant de lui demander :
- Veux-tu me rappeler comment se nommait ta maîtresse ?
- Alhys, Ma Dame.
- Quand j'aurai tiré au clair certaines choses avec mes invités, j'irai rendre visite à une amie, j'aimerais que tu m'accompagnes, je désire te présenter une jeune personne importante, mais avant cela, allons voir ce petit dieu aux yeux noirs et ses acolytes.
- Comme vous voulez Ma Dame.

Alors qu’elle s’approche du trio, elle se rend compte que contrairement aux deux adultes qui discutent entre eux, l’enfant n’a pas cessé de l’observer avec intensité depuis qu’elle a quitté la terrasse. C’est avec une courbette élégante et compliquée que Mâr Thô Tôt l’accueille.
- Dame Dénébra, c’est un honneur.
Alors que le paladin s’apprête à la saluer à son tour, la grande femme toise le jeune garçon au regard sombre qui lui sourit.
- Petit dieu au nom ridicule, qu’est-ce qui vous a permis de croire que vous pouviez embarquer dans une combine tordue l’un des êtres les plus importants de Troy ?
Complètement surpris par le ton et ses paroles, Lashmir et Thermos ouvrent et referment la bouche plusieurs fois sans prononcer un mot.
Écartant les mains et sans cesser de sourire, le dieu répond avec douceur :
- Peut-être le simple fait que ma mère est en effet l’un des êtres les plus importants de Troy, quant à parler de combine, vous vous méprenez sur mes intentions.
Lashmir intervient d’une voix rauque :
- Je vous assure Dame Dénébra que les intention de Bââ sont justes et qu’il poursuit le même but que vous.
La grande femme gronde littéralement quand elle répond :
- Vous apprendrez à vos dépends que les dieux ont leurs propres desseins et que ceux-ci ne vont jamais bien longtemps dans le sens des nôtres.
- Pourtant mon paladin dit vrai, mon destin coïncide avec celui des habitants de Troy, avec qui je me lèverai contre cette menace qui pèse sur le Magohammot. Je suis venu pour vous aider à protéger celui par qui mes frères et moi existons. Je ne suis pas votre ennemi, ma mère l’a bien compris, c’est pour cela qu’elle s’est décidée à unir ses forces aux miennes. Vous devriez en discuter avec elle.
- Cessez donc de l’appeler mère, elle ne l’est pas. Elle et moi en avons déjà parlé et ce que j’ai entendu, petit dieu, ne m’a pas convaincue.
L’enfant baisse les yeux et dit d’une petite voix :
- C’est qu’elle était comme une mère pour ce garçon. Elle le protégeait, elle lui a témoigné tant d’amour. Vous savez, quand je l’appelle mère, cela adoucit sa peine et me réchauffe le coeur.
Usant d’un ton cassant, Dénébra qui fixe le mort vivant, crache :
- Qui pourrait croire qu’un dieu nécromant puisse posséder un coeur.
- Si vous pensez qu’en tant que dieu j’en suis dénué, soyez assurée que ce jeune corps, lui, en possède bien un.
Indiquant sa poitrine, il rajoute :
- Il est ici et il bat avec vigueur. C’est une sensation que je n’avais encore jamais connu, et c’est absolument merveilleux. Peut-être qu’un jour vous connaîtrez cela vous aussi, la sensation d’avoir un coeur…
Dénébra se laisse tomber à genoux à hauteur du garçon, et les yeux dans les yeux lui dit avec lenteur :
- Peut-être pourrais-je te l’arracher pour le placer dans ma poitrine pour savoir ce que cela fait ?
Lashmir et Thermos réagissent à ces paroles, le premier en se saisissant de sa courte épée, le second en tirant le garçon en arrière. Dénébra continue comme si elle n’avait rien vu.
- Mais ce serait inutile, ma Déesse Mère m’a donné ce corps, et contrairement à toi, petit dieu, le coeur qui bat en moi est bien le mien.
Mâr Thô Tôt lève une main.
- Range ton épée Lashmir, n’ayez crainte mes amis, la Dame ne me fera aucun mal, à part peut-être, avec cette langue particulièrement acérée.
Elle se relève souplement alors qu’Emerick continue :
- Ainsi vous seriez fille de déesse, ça expliquerait votre perfection.
Complètement redressée, la grande femme plonge le regard dans celui de Lashmir qui frémit intérieurement. C’est pourtant d’une voix radoucie qu’elle s’exprime.
- Je suis Dénébra, fille de la Déesse Triskèle, Palabunda de la Lumière et membre de l’ordre des Soeurs Jaunes. Sache enfant, qu’une multitude de tes semblables m’ont maudite et qu’ils ont essayé de me détruire sans jamais y parvenir. Si jamais tu venais à faire souffrir Marita de quelque manière que ce soit, je te promets un sort des plus funeste.
Sans vraiment savoir pourquoi, Lashmir ressent un véritable choc en entendant ces paroles. L’enfant met un genou à terre et prend la fine et longue main de la femme dans la sienne. Baissant la tête, il pose lui-même la paume de Dénébra sur son front :
- Si je venais à faire du tort à votre mie qui est aussi ma mère d’adoption, je fais ici le serment devant tous d’accepter pleinement le sort que vous me réserverez, que mon paladin soit le témoin du pacte sollennel que nous venons de sceller.
Alors que le mort vivant secoue la tête avec incrédulité, Lashmir affiche un air complètement effaré. La grande femme quand à elle marque à peine un temps d’hésitation avant de répondre tout en caressant les cheveux de l’enfant.
- Nous sommes maintenant liés, Mâr Thô Tôt, pour le meilleur et pour le pire, soit respectivement Marita et moi.

Charmes qui s’est approchée pendant l’échange, intervient quand elle voit la grande femme qui caresse la tête de l’enfant :
- Attention, il est pas ce qu’il paraît.
- Oui, je sais qui il est, merci de t’inquiéter pour moi Charmes.
L’atlante se tourne vers la farfadette, et s’agenouillant de nouveau, elle la prend avec délicatesse dans ses bras.
- Je suis heureuse que tu sois de retour, tu m’as énormément manqué.
Charmes lui répond avec un sanglot dans la voix :
- Moi aussi tu m’as manqué. Je suis tellement désolée d’être partie comme ça, si longtemps...
- Je sais ce qui s’est passé, Marita me l’a expliqué.
- J’aurais du revenir avant, mais...
- Ne te fais aucun reproche, je ne te remercierai jamais assez d’avoir veillé sur elle, ça me rassurait de te savoir à ses côtés. Merci à toi aussi Phyl. Je sais à quel point vous avez été tous deux indispensables à notre amie commune.
Pour toute réponse, le farfan salue bien bas la grande femme d’une élégante  révérence. Pendant un moment le silence s’installe, Dénébra finit par relâcher Charmes pour se relever en demandant :
- Mâr ThôTôt, si vous nous parliez de cette prophétie et des "éternels"…
Le jeune garçon lève les yeux au ciel avant de répondre.
- Je présume que si nous les nommons les Éternels, c’est parce qu’ils le sont. Quant à la prophétie, ce n’est pas à moi de l’annoncer ce serait d’une part incorrect et d’autre part j’avoue ne pas en connaître la teneur exacte.
Presque tout le monde regarde les farfans d’un air perplexe, même eux sont visiblement surpris.
- Si vous ne pouvez expliquer cette prophétie, alors qui le peut ?
- Cet honneur doit revenir au doyen des dieux, enfin, la doyenne pour tout dire, c’est Schlikä la plus ancienne d’entre nous. Heu, si vous venez à la rencontrer, évitez de dire qu’elle est la plus vieille, ma sœur est plutôt susceptible quand ça touche à sa personne, et il ne fait jamais bon la contrarier.
Interloqué, Lashmir demande :
- Vous avez une sœur ?
- Oui, et même plusieurs, tous les dieux appartiennent à la même fratrie.
Charmes ne peut s’empêcher d’intervenir.
- Quand tu, heu, vous dites éternel, qu’est-ce que ça signifie au juste ?
- Cela signifie, honorable farfane, que sauf accident vous êtes éternelle.
Émerick fronce les sourcils quand il demande :
- Est-il possible que vous ignoriez cela ?
Phyl intervient :
- Faut dire qu’elle n’est pas d’ici, c’est peut-être pour ça qu’elle sait pas.
Charmes se retourne vivement.
- Parce que toi tu le savais peut-être ?
- Heu, non.
- Ben alors bougre de limaçon, quel est le rapport avec le fait que je viens d’un autre monde ?
Le limaçon réfléchit avant de répondre avec un sourire niais :
- Aucun en fait.
À ces mots, elle tape du pied et pointant un index tremblant sur lui elle crie d’une voix suraiguë :
- Peau d’banane !
Immédiatement Phyl se retrouve sur les fesses, ce qui le fait éclater de rire. Puis se relevant d’un mouvement souple, comme s’il avait été repoussé du sol, il explique d’un air espiègle :
- J’adore quand elle fait ça !
La farfadette hausse les épaules avant de rajouter en souriant :
- T’as vraiment l’art de m’énerver…
Ne s’adressant à personne en particulier, Dénébra laisse tomber :
- Ça m’avait manqué…
Charmes hausse les épaules, puis, troublée, elle interroge la grande femme :
- Dénébra, j’y comprends rien, les elfes disaient que je vivrais peut-être une vingtaine d’années, à condition de toujours rester avec eux.
- Oui et si nous comptons bien, tu as vingt trois ans et tu es en pleine forme. Je me suis toujours doutée que les elfes maintenaient les farfadets sous leur contrôle afin d’éviter que vos pouvoirs ne viennent concurrencer les leurs.
Il se peut aussi que le Magohammot qui nous a amené sur Troy, nous a modifié toutes les trois.
Lashmir demande alors :
- Qui sont ces elfes dont vous parlez ?
L’atlante répond sèchement :
- Des êtres à la belle prestance certes, mais arrogants et manipulateurs, servant des dieux orgueilleux et mesquins. Ne soyez pas tracassé par ces elfes Lashmir, car heureusement pour tous, il n’y en a pas sur Troy.
Lashmir fait une grimace et secoue la tête.
- Vous dites venir d’un autre monde, je ne vois pas comment cela se peut.
Mâr Thô Tôt intervient :
- C’est pourtant possible, certains d’entre nous pensons qu’il existe d’autres mondes où vivent d’autres peuples. Nous savons qu’il y a d’autres dimensions, les plus érudits dans ce domaine parlent même de réalités  alternatives, autrement dit des endroits qui ressemblent très fortement au nôtre, mais avec de légères différences. L’univers est une chose complexe Lashmir, et à défaut de le comprendre, il faut l’accepter comme il est, même si cela peut nous paraître choquant.
- Vous parlez juste petit dieu. Pour ma part, Troy est le quatrième monde que je rencontre, je ne vis ici que depuis quatorze ans. Phyl pourra vous le confirmer.
Ce dernier agite vigoureusement la tête quand il s’exclame :
- Ha ouais, ça c’est sûr, à elle seule, elle sent beaucoup plus mauvais que vous tous réunis !
Puis indiquant la farfadette.
- Elle non plus elle est pas de Troy, et ce chatgondin, j’vous en parle même pas !
Puis indiquant les alentours d’un geste théâtral, il rajoute :
- De toute façon, c’est la même chose pour…
Dénébra lui coupe la parole :
- Merci Phyl, nous avons compris, il est inutile d’en rajouter.
Le fixant sévèrement alors qu'il s’apprête à continuer, elle reprend :
- Donc paladin, certains d’entre nous viennent d’ailleurs et ont même été amenées ici par le Magohammot. Si cela bouscule vos convictions, que devrions-nous dire ou penser, nous qui n’eûmes nul mot à dire sur notre destinée ?
- Vous savez pourquoi vous avez été amenée ici, ça revient au même, non ?
- Facile à dire petit dieu, toi et tes semblables agissez sans tenir compte de ceux que vous manipulez et utilisez à votre guise. Ce comportement s’est encore répété maintes fois ces derniers mois, ce qui a coûté la vie à trop de personnes.
Mâr Thô Tôt reste silencieux un moment. Haussant les épaules avec fatalisme, il s’explique :
- Je comprends votre point de vue Ma Dame. Je ne sais pas ce que vous avez subi avec les dieux des autres mondes, mais moi et mes semblables, comme vous dites, voyons les choses sur le long terme et avec une envergure que les êtres humains ne perçoivent pas. Il faut dire que vous êtes si fragiles, tellement éphémères, que quoi que nous fassions et peu importe l’amour que nous éprouvons pour vous, vous mourrez, nous laissant seuls et désemparés face au vide que vous laissez.
Emerick se tourne vers son paladin.
- Ainsi Lashmir, nous venons à peine de nous rencontrer, pourtant j’appréhende avec tristesse le moment inéluctable où je vais te perdre. Tout dieu que je suis, je souffre à chaque fois que ceux que j’aime s’en vont, et il en est ainsi pour la majorité de mes frères et sœurs...
Les dernières paroles de Mâr Thô Tôt plongent tout le monde dans un abîme de réflexion, c’est le mort vivant qui finit par briser le silence :
- Ben moi j’suis toujours là.
Puis mettant un coup de coude à Lashmir, il rajoute :
- Et quand ton heure s’ra venue, ce que j’te souhaite l’plus tard possible, ben tu pourras surement rester avec nous, n’est-ce pas Maître ?
Emerick opine du chef.
- Oui, c’est une piètre consolation, mais c’est mieux que rien.
Phyl s’ébroue, puis rajoute :
- Brrr, y a pas à dire, vous en avez de tristes sujets de conversations vous autres.
Dénébra penche la tête sur le côté quand elle regarde le dieu du darshan.
- Cette idée de la mortalité ne m’avait jamais effleurée jusqu’à maintenant…
Le garçon rajoute :
- Ni l’amour que nous éprouvons pour les mortels, je présume.
- En effet petit dieu, j’ignorais aussi cela.
- Comprenez que ce sont les humains qui amènent la plupart d’entre nous à l’existence, comment pourrions-nous ne pas les aimer, même si au final cela nous coûte tant ?
Lashmir sent la boule qu’il a au creux du ventre grandir et lui couper la respiration quand il voit une larme couler sur la joue de l’inquiétante femme. Cette dernière use maintenant d’un ton radouci.
- Nous avons tous perdu des êtres qui nous étaient précieux, ici comme ailleurs, et il nous faut pourtant continuer à vivre malgré de telles pertes.
Indiquant Thermos, elle demande au jeune garçon :
- Et lui, qu’est-il exactement ?
- Un aventurier qui m’a porté secours l’année dernière. Quand il est décédé, je lui ai offert le choix : continuer sur le chemin de la mort, ou rester avec moi. Il a choisi de rester.
- C’est donc un mort vivant ?
Emerick se tourne vers Thermo qui suit la conversation avec intérêt :
- Non, son âme habite juste l’enveloppe que j’ai créé pour lui.
Dénébra hoche doucement la tête et dit à voix basse :
- Un golem…
Mâr Thô Tôt lui sourit quand il la complimente.
- J’admire l’étendue de vos connaissances Dame Dénébra.
- Pour ma part, il se fait que c’est plutôt la qualité des bibliothèques de la cité que je trouve admirable.
Entendant parler de bibliothèques, Lashmir se racle la gorge avant de prendre la parole :
- J’ai des nouvelles importantes à vous annoncer Ma Dame.
Emerick se retourne vers son paladin :
- Ha enfin, j’ai cru que tu n’y arriverais jamais !
- Heu, oui, c’est que j’attendais le bon moment. C’est à propos du "chasseur". J’ai suivi un groupe d’aventuriers dans une tour de métal, certainement au même endroit où vous vous êtes retrouvé Dame Charmes.
La farfadette s’élève du sol pour se rapprocher de Lashmir.
- Vous avez vu les gris ?
- Oui, nous en avons même aperçu plusieurs.
Lashmir raconte pour la seconde fois son aventure, insistant sur les parties les plus palpitantes. Quand il termine sa narration, aucun mot n’est proféré, comme si personne ne voulait prendre la responsabilité de briser le silence qui s’est installé. Finbalement Dénébra intervient :
- Quand et où cela a-t-il eu lieu ?
- Il y a un peu plus de six mois, et ça s’est passé dans le sud, à cinquante lieues  de Sucre.
Alors qu’elle ferme les yeux, elle laisse tomber dans un souffle :
- Déjà six mois…
Rougissant un peu, le paladin s’excuse :
- J’ai fait au plus vite pour venir vous rapporter ces évènements, mais mon voyage n’a pas été de tout repos, une étape a même faillit avoir raison de moi.
Mâr Thô Tôt intervient avec amusement :
- Voyons Lashmir, tu exagères, ton périple n’a pas été si terrible que ça, tu oublies certaines de tes rencontres des plus galantes.
Virant au rouge, le paladin se met à bafouiller :
- C’est que heu, j’ai fait certaines rencontres, heu, particulières. Mais c’est surtout l’enchanteresse qui m’a fait payer  ses services au prix fort, j’en suis tombé malade, fièvreux et affaibli pendant tout un mois…
Avec un air complètement innocent, Emerick demande :
- Combien as-tu payé cette enchanteresse ?
Lashmir ouvre et referme la bouche plusieurs fois.
- Disons que j’ai payé de ma personne, et je n’en dirai pas plus…
C’est le mort vivant qui tout en ricanant lui remet un coup de coude.
- T’as payé de ta personne, toi, c’est vraiment ce que j’pense ou t’exagères ?
Secouant la tête de gauche à droite, le paladin dit d’un ton plus bas :
- Inutile d’insister, le sujet est clos.
Dénébra s’apprête à demander quelque chose à Lashmir, mais elle hausse les épaules et se ravise. S’agenouillant de nouveau pour se mettre à hauteur d’Emerick, elle le prend par les épaules.
- Daignez accepter mes excuses pour m’être montrée si désagréable. Il me faut vous laisser, il y a encore plusieurs personnes qu’il m’est nécessaire de rencontrer aujourd’hui. J’aimerais m’entretenir avec vous demain matin.
C’est avec un sourire chaleureux qu’Emerick répond :
- Vos excuses sont inutiles fille de Déesse, et nous discuterons demain comme vous le souhaitez.
L’atlante se relève pour annoncer :
- Le Palais Pyras vous est ouvert, si vous le désirez. Voyez avec Armand, il vous installera confortablement. Charmes, voudrais-tu t’occuper de nos hôtes ?
Dénébra s’incline légèrement puis s’éloigne sans plus de formalité suivie prestement par la chimère.
Lashmir et Thermo échangent un regard surpris, ce dernier dit à voix basse :
- Ben dites donc, elle est vraiment spéciale celle là !
Lashmir, tout en se frottant le menton d’un air perplexe fixe la femme qui s’éloigne, sans s’adresser à personne en particulier, il dit :
- Je ne me souvenais pas qu’elle pouvait être aussi désagréable…
Phyl ricane avant de déclarer :
- Et encore, elle est plutôt d’bonne humeur aujourd’hui.
- Bon les marmottes, on y va avant d’prendre racine ici ?
Mâr Thô Tôt secoue la tête.
- La Dame nous a offert l’hospitalité, il serait impoli de la refuser.
- Hé ho, elle nous a pas obligé non plus hein !
- Tu crois ça Thermo ?
- J’sais pas ce que j’crois, mais moi j’aime pas c’te femme !
Avec amusement, le dieu répond :
- Pour ma part, je suis plutôt comme Lachmir, je l’apprécie beaucoup…
Le mort-vivant prend un ton bougon :
- Vous la trouvez très belle, pourtant c’est pas l’cas, c’t’une grande perche plate comme une planche à pain, et avec un fichu sale caractère en plus. J’plains son pov’mec de mari !
Phyl intervient :
- Un peu d’respect sac à vers. Dénébra n’est pas facile, mais quand on la connaît, ben on comprend que c’est quelqu’un de bien.
Lashmir se retourne vers son serviteur.
- Phyl a raison tu sais, tu devrais garder tes remarques pour toi, tu ne la connais pas, tu la juges sans savoir.
- Parce que toi si peut-être ?
- Oui, je te rappelle que j’ai vécu des choses après ta mort…
Emerick prend la parole :
- Veuillez excuser Thermos, Maître Phyl, il n’a pas sa langue dans sa poche et il a tendance à toujours dire ce qu’il pense, ce qui est souvent rafraîchissant. Sache pour ta gouverne, Thermos, que je n’ai pas prétendu que la grande dame était belle, j’ai dit qu’elle était parfaite, nuance. La beauté est purement subjective, alors que la perfection, elle, est quantifiable.

La farfadette s’est élevée sur son disque brillant, ses cheveux verts sont dressés d’une manière menaçante, et tout en tournant autour du mort-vivant qu’elle menace de son petit indexe, elle dit de sa voix aiguë où perce de la colère :
- Toi le vereux, quand tu auras traversé les épreuves que Dénébra a traversé, tu auras droit au chapitre, en attendant tu as intérêt à faire preuve de respect envers  mon amie si tu veux pas qu’il t’arrive des bricoles, est-ce que ta p’tite cervelle pleine d’asticots comprend ce que je viens de dire ?
Phyl s’est approché lui aussi pour rajouter du haut de ses quarante centimètres et  les poings sur les hanches :
- C’est aussi mon amie sac à vers, alors gare à toi…

Alors qu’ils sortent de la cours du palais, Cheezter lui dit :
- Ils discutent de vous Ma Dame, les farfans vous aiment vraiment beaucoup.
Elle répond d’une voix chargée d’émotions :
- À moi aussi ils me sont précieux, Cheezter. Sache que je partage totalement les craintes du petit dieu quand à la perte de ceux qui me sont proches. Il est étrange que c’est un être tel que ce Mâr Thô Tôt qui a mis en évidence une vérité qui m’est si douloureuse.
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Chapitre II : Retrouvailles et présentations
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